Flynn franchit les portes Est du village paisible de Valkar. Enfin, peut-être un peu moins paisible qu'ordinaire du fait de la musique, de la cacophonie des cris, de joies comme de pleurs, des chevaux qui hennissaient ou courraient, les enfants qui tenaient dans leur petites quenottes leurs ballons gagné après un âpre combat contre leur parents,... Le lycan se rendait chez Kaen et Kei, les K&K, le jeune couple qu'il avait rencontré il y avait de cela moins d'un mois. Essayant de se souvenir où les deux comparses habitaient, il arpenta les rues bondées du village. Les étals étaient remplis de pâtisserie et de gâterie pour l'occasion. Bien Que Flynn ignora la raison de cette effervescence et n'en avait cure, il se dit que c'était certainement l'anniversaire du Roi ou une nouvelle naissance.
Ses pas martelaient le sol d'une rue qui lui rappelait vaguement quelques choses. Il tourné à droite puis à gauche avant de revenir sur ses pas et de continuer tout droit. Après de nombreuses bifurcations et beaucoup de chemins parcourut dans les deux sens, il parvint devant la fameuse maison. Toquant, il n'obtint aucune réponse. Peut-être étaient-ils occupé à "prendre un bain" ou partit faire des courses. En tout cas, personne ne vint lui ouvrir. Après être resté cinq minutes, penaud, devant la porte, il décida de laisser la le panier qu'il avait amener pour se faire pardonner. Remplit de quelques victuailles, il comptait les donner au jeune couple, le lycan ayant fait perdre les siennes à Kei lors de son... "Sauvetage".
Prenant un petit morceau de papier arraché à son grimoire encore vierge, il sortit plume et encre pour écrire un petit mot à Kei. S'efforçant d'écrire le plus lisiblement que possible, il traça ces mots :
Chère Kei, je vous offre ce présent ainsi qu'une surprise, vous attendant à la Place du Marché. Retrouvez-moi près de la fontaine lorsque les sept coups de la cloche indiqueront l'heure pile.Une fois le billet glissé entre deux mailles d'osier, il partit d'un bon pas. En écrivant le message, il lui était venu l'idée d'inviter l'élémentale à venir à la fête. Après tout, un événement pareil était l'occasion de se racheter, et pour lui, il se devait de l'avouer, c'était la première fois qu'il voyait une fête autre que celles célébrées chez les elfes. Il lui faudrait bien oublier ses petites manies contre les humains quelques heures, pour profiter de l'instant. D'abord, respirer plus amplement ou par la bouche, pour éviter la prise d'odeur idoine. Et puis, ralentir la cadence. Peut-être que lui était habitué à la marche rapide, mais la demoiselle étant enceinte, elle devait sûrement se ménager.
Se rendant sur les lieux du rendez-vous, il s'assit sur le rebord de la source jaillissante. Croisant les jambes en position dite "indienne", il regarda passer les passants. Après tout, il allait devoir attendre au moins deux heures. Le lycan s'étonna de voir quelques rares elfes, mais aussi un orc, des hybrides, une troupe de centaure et même une nymphe parmi tous ces humains. Apparemment, tous les êtres non-humains ne vivaient pas reclus en forêt comme lui et Lillandril... Avant, il n'avait jamais prit le temps de regarder les autres, peut-être se serait-il rendu compte plus tôt que, même différent, on pouvait vivre en ville. Six coups retentirent, indiquant au lycan qu'il ne lui restait au final plus qu’une heure à patienter.
Décidant de grignoter un peu, il sortit une pomme qu'il croqua à pleine dents. Une fois le fruit fini, il se retourna pour se trouver face à l'eau claire. Son visage se refléta dans l'eau à peine troublé d'une brise. Décidant de se débarbouiller un peu, il plongea sa tête dans le bassin et la ressortit, restant un moment en suspension, laissant quelques gouttelettes tomber.
Il examina ses yeux bleus, ses cheveux blonds, son nez, la courbe de ses lèvres. Ce visage lui appartenait et pourtant, il lui semblait toujours aussi étranger. Parfois, il lui arrivait de détester ce visage? Trop de ressemblance avec son... Père. Même en penser, il crachait ce mot. Comment les êtres vivants pouvaient-ils aller vers un stade si primaire ? S'en était révoltant. De plus, les gouvernements en place ne faisaient strictement rien pour arrêter ce cycle meurtrier. C'était bien pour cela que Flynn était heureux de sortir de cette toile d'araignée en vivant paisiblement en forêt.
Passant sa main dans sa tignasse, il fit tomber une partie restante de l'eau. Son regard se perdit dans les cieux bleus parsemé de nuages blancs à l'aspect cotonneux. Ses pensées s'effilochèrent, partant de la réserve d'eau qui commençait à baisser au fait qu'il n'avait toujours pas trouver les pierres. Il songea à son cheval, jeune mais encore un peu trop intrépide. Il allait devoir le dresser pour pouvoir partir plus loin, et donc aussi l'entraîner et muscler ses jambes. Il songea aussi qu'il lui faudrait bientôt ingurgiter un repas plein de calcium et de fer, autrement dit... De viande.
Sonna alors le clocher, le faisant sursauter. S'agrippant de justesse au bord, il failli tomber dans l'eau. Cherchant Kei du regard, il la reconnu de loin à sa chevelure d'argent. C'était d'ailleurs étonnant pour quelqu'un qui ne connaissait pas sa nature d'élémental de glace de voir sa chevelure. Cela avait étonné le lycan en tout cas, qui avait failli lui demander d'où lui venait ce blanc prématuré. Elle aussi le cherchait à première vue, et son fiancé n'était pas présent. Peut-être avait-il été retenu par son travail. Après tout il avait des horaires souvent flexibles.
Flynn se leva et alla rejoindre la jeune femme, qu'il héla en agitant une main au-dessus de sa tête, l'autre en porte-voix pour être sûr de pouvoir se faire entendre.
-Damoiselle Kei, ici ! Il avança à grande enjambée vers elle, transcendant la foule, avant de trébucher sur un pavé qui ressortait un peu trop et de s'étaler de tout son long. Il n'eut même pas le temps de se rattraper, ses coudes amortirent le choc. Le temps de se relevé, Kei était déjà à ses côtés, ainsi que quelques badaud.
-Ça va, merci, vous pouvez circuler , dit-il pour l'attroupement, lançant un regard navré à la demoiselle.
Se relevant en essuyant sa veste, il vérifia que celle-ci ne s'était pas effilochée, après tout il aurait été malheureux pour lui de se retrouver avec deux trous aux coudes, cela faisant vagabond... Heureusement, seul de la poussière était venue s'inviter. Il offrit un sourire à la dame avant de dire, d'une voix chantante.
-Alors, vous vous êtes décidé à venir ? J'en suis ravit.