Marché Pressé (Pv Hiroyûki)

Une autre journée de congé… Lia en avait trop à son goût. En effet, même si certains de ses élèves n’aimaient pas écouter ses cours et en faire qu’à leur tête, et que d’autres s’amusaient à dépasser les doses recommandées pour tenter de faire exploser la classe et ainsi avoir congé d’école, elle n’était réellement heureuse que lorsqu’elle était derrière son petit ensemble de chimie. Mais là, malheur ! Ses éprouvettes avaient brisées pour cause d’usure et donc, la voilà en plein marché pour tenter d’en trouver de nouvelles.

Néanmoins, elle regrettait de ne pas être venue plus tôt, puisque la place était bondée de gens qui se bousculaient pour tenter de passer entre les kiosques des marchands. Une chose était certaine, on trouvait vraiment de tout ; tissus, fruits, légumes, viandes, tapis, lampes à l’huile, des trucs artisanaux inutiles, des objets magiques… et maléfiques… bref, de tout.

Mais ce qui intéressait la demi-elfe en ce moment, c’était de se rendre à la boutique d’Alchimie, puisque c’était là qu’elle trouverait ce dont elle avait besoin. Et malheureusement pour elle, cette boutique était à l’autre bout de la place du marché.

– Note à moi-même : Venir à huit heures la prochaine fois…

La professeur de chimie essaya de se faufiler à travers la foule, hésitant de justesse de manger quelques coups de coudes, ou de recevoir des paniers de bonnes femmes pressées en plein visage. Mais alors qu’elle criait quelques insultes à quelqu’un qui avait manqué de la renversé, elle se fit effectivement renversé et tomba sur les fesses.

– Hého !! Vous pourriez regarder où vous allez !!!

Lia releva la tête pour regarder qui avait osé la bousculer et la heurter, et qu’elle ne fut pas sa surprise, c’était le nouveau professeur d’herboristerie. Il devait ne pas avoir de cours lui aussi, mais c’était quand même une drôle de coïncidence que de se retrouver ici, surtout avec la foule de gens qu’il y avait ici. Attrapant donc sa main, elle se releva avec son aide, le remerciant pour son aide. La jeune femme commençait à ressentir le froid autour d’elle, ignorant pourtant que c’était Hiroyuki qui le dégageait, se frottant légèrement ses bras dénudés. Pourtant, on était en plein été, comment pouvait-il faire froid à ce point ?

– Non non je ne suis pas blessée… vous sentez pas ce froid étrange ?

Finissant par se douter que le froid venait de lui, elle en devint davantage curieuse sur lui, se demandant bien de quelle race il était finalement. Néanmoins, son regard était toujours aussi envoutant. C’était étrange, car ses yeux étaient gris, et normalement les gens aux yeux gris ont toujours un regard un peu morne, mais lui, il était plutôt perçant, ce qui était légèrement embarrassant. Elle avait l’impression qu’il pouvait lire en elle, comme si elle s’était mise à nue devant lui, et elle ne put s’empêcher de rougir un peu et de regarder dans une autre direction.

La place du marché ne faisant qu’être de plus en plus bondée, elle fut bousculée de nouveau, cette fois vers le jeune homme, sur lequel elle tomba encore. Visiblement, c’était son destin de tomber sur lui… une première fois ça allait, ça pouvait être un simple hasard. Une seconde fois, ça pouvait aussi être le hasard, mais ne disait-on pas que le hasard faisait bien les choses ? Parfois un peu trop même peut-être…

Le jeune homme repoussa la magicienne pour pouvoir se lever, et l’aider à se relever à son tour. Franchement, tant qu’à se faire repousser mais se faire aider par la suite, elle aurait préféré qu’il ne fasse rien. De toute façon, elle aurait finit par se relever d’elle-même. Comme si elle aurait apprécié de tomber sur une personne aussi glaciale, autant côté physique que psychologique. Elle n’était pas ce qui était de plus jovial et sociable elle non plus, mais tout de même, elle ne faisait pas non plus comprendre aux autres qu’ils étaient un poids dans son entourage.

Lia se releva donc, repoussant ses mains du revers de la sienne, se redressant sans son aide. Elle replaça ensuite son capuchon et pris un air pratiquement aussi glacial que Hiroyuki en plongeant son regard dans le siens. La jeune femme ouvrit la bouche et laissa dévaler les mots sur un ton plus que froid et sec.

– Non, je n’ai pas de mal, désolée d’être tombée sur vous, cela vous a apparemment plus que dérangé pour m’avoir repoussé ainsi. Soit je suis laide à ce point soit vous n’avez aucune manière. Maintenant, excusez-moi, mais avant que je vous tombe dessus à nouveau, je vais m’en aller acheter ce que j’étais venue chercher

La demi-elfe tourna les talons rapidement et repris sa route, s’immisçant entre d’autres gens de nouveau pour tenter d’atteindre la boutique convoitée par sa personne, espérant qu’il ne la suivrait pas. Elle ne craignait pas vraiment de lui faire face, et bien qu’elle disait souvent ce qui lui passait par la tête, elle n’aimait pas tellement s’attirer des ennuis inutiles.

Comme elle l’avait pensé, le jeune professeur la suivit, essayant de la rattraper à travers la foule, y arrivant sans trop de mal et l’arrêtant en posant sa main sur son épaule. Elle soupira intérieurement et se retourna vers lui, écoutant ce qu’il avait à dire sans y mettre le moindre commentaire. Elle lui agrippa le bras et le décala un peu sur le côté, lui évitant ainsi une main d’un paysan commençant à devenir trop agité dans ses négociations avec le marchand de tapis.

– Bon, je m’excuse pour mes propos, je ne vous connais pas vraiment et je n’aurais pas dut vous juger aussi rapidement. Pardonnez-moi pour cela. Néanmoins, je suis désolée, mais je suis pressée, je n’ai malheureusement pas toute la journée pour bavarder avec vous, je dois racheter un équipement de chimie, le miens ayant brisé. Soit vous m’accompagner, soit je vous dit à la prochaine maintenant…

Lia attendit quelques instants la réponse du jeune homme, mais comme celle-ci ne fut pas des plus rapides à arriver, elle poursuivit son chemin, se disant que s’il tenait à l’accompagner, il la suivrait de toute façon, et que sinon, il repartirait simplement de son côté. La boutique n’était qu’à quelques mètres et elle finit par arriver devant celle-ci au bout d’une quinzaine de minutes. Normalement elle aurait franchit la distance qui la séparait de la boutique en moins de cinq minutes, mais une bagarre avait éclaté en plein milieu du chemin, ce qui avait rendu l’accès plus dangereux, la plupart des gens faisant attention pour ne pas recevoir de coups accidentels de la part des deux hommes.