C'est loin.. [PV//Rakuen]

J'étais tout de même loin de cette académie, au départ. Ivarnum, mine de rien, c'est assez loin. Et, la diligence était trop dispendieuse, hors de mes moyens, pour la distance que j'avais à parcourir. Alors, c'était surtout de la distance à pied. Quelques voyageurs étaient assez gentils pour me laisser faire un bout de chemin avec eux, alors mes pauvres pieds étaient épargnés. Surtout que tout mon équipement était assez lourd. Je craignais à tout moment que le sac de tissus dans lequel je traînais ma cotte de mailles J'étais assez heureux quand je suis arrivé, car j'étais sûr de ne plus parcourir autant de distance pour un bon moment.

En entrant dans l'institut, je déposai mon sac ainsi que mon derrière sur le sol, épuisé. Le poids de mes épaules se voyait plus léger. J'avais pensé, quelques kilomètres avant d'entrer, à mettre l'uniforme requis que mon père m'avait donné. Il avait gardé son ancien uniforme. Il avait changé, mais pas beaucoup. Quelques trucs, rien de bien d'important. Oui, il avait été étudiant ici avant moi, avant que la direction ne change. J'étais environ de la même carrure que mon cher papa, quand il était étudiant. Pas trop bâti, ni trop carré. Quand ma mère me parle de sa rencontre avec papa, elle me dit que je lui ressemblait quand il avait mon âge.

Je finis par me relever, après avoir repris mon souffle. Mais l'endroit était si grand.. Je ne savais pas par où commencer, ni même où aller. Mes cheveux étaient plaqués sur mon crâne et mon uniforme était assez humide. Je toussotais un peu. Il ne faisait vraiment pas beau, dehors. Je me sentais, pour résumé tout ceci, assez perdu. Mais j'imagine que bien des gens étaient comme moi, avant. Je touchai le bracelet à mon poignet, comme pour me réconforter. Je n'avais pas pu me résoudre à le retirer.

Dehors la pluie continuait de tomber depuis déjà un bon moment. Rakuen regardait déjà par la fenêtre – quel dommage. Elle aurait bien préférée que ce soit une belle journée pour accueillir les nouveaux élèves, mais au moins, elle avait déjà connu de temps bien pire. Il pleuvait, mais le vent avait été épargné. Plusieurs nouveaux élèves aient déjà arrivés et les professeurs avaient eu la bonté de déjà les diriger. Quelques groupes de visite avaient déjà été formés et se promenaient quelque part dans l’école. Comme la plupart des professeurs étaient déjà bien occupés, la jeune directrice décida de sortir de son bureau et aller s’occuper à son tour des nouveaux.

Sortant de son bureau, ça ne lui pris que quelques secondes pour arriver au Hall d’entrée, évitant quelques élèves surexcités de la rentrée scolaire. Des anciens élèves retrouvaient leurs amis et s’amusaient à comparer leurs horaires. Rakuen adorait la rentrée pour ça, même si certains étaient plutôt mécontents d’avoir terminés leurs vacances. Se retrouvant devant un simple jeune aux cheveux noirs, elle lui sourit.

– Bienvenue Jeune homme. Votre voyage c’est bien passé ?

En peu de temps, elle remarqua que ce jeune élève portait l’ancien uniforme de l’école. Certains aimaient l’arborer comme pour montrer que ses parents étaient venus étudier ici aussi. Elle aida le jeune homme à se relever, faisant ensuite parcourir un léger tourbillon de vent chaud autour de lui pour le sécher.

– J’aurais aussi préférée que le temps soit plus ensoleillé… Je suis la directrice de l’école, Mademoiselle Fujihara. Vos parents sont venus aussi dans cet établissement si je ne m’abuse ?

Gardant son sourire, elle s’attendit à peut-être avoir déjà entendu ses parents. Elle-même avait fréquentée cette école il n’y avait pas si longtemps que ça. Quoiqu’elle ne les aurait sûrement pas croisés, mais son grand-père lui parlait souvent de ses élèves préférés. Peut-être en faisaient-ils partit.

Je levai les yeux vers la voix que j'entendais. Cette voix, elle me demandait si mon voyage s'était bien passé. C'était une fille, blonde aux yeux bleus. Elle était plus grande que moi, un peu.

- Oui.. Il s'est bien passé. Merci d'avoir demandé.


Ensuite, je sentais un petit courant d'air chaud. Je devinai presque immédiatement qu'il venait d'elle et murmurai un autre merci. C'était une évidence : Nous étions dans une école de magie. Cette fille s'avéra être la directrice de l'école. Alors, j'avais intéret à ne pas dire de conneries oElle me demanda si mes parents étaient venus auparavant à cette école. Mon père seulement, selon ses dires. Mais mon grand-père m'avait déjà parlé de ça. Il était enseignant, avant.

- Si. Je suis Julian Weiss, fils de Maximilien Weiss. Nous sommes nécromanciens depuis des générations, chez moi. Alors, j'imagine qu'une bonne partie de ma famille est venue ici. Eliott Weiss, mon grand-père, était professeur ici. Bref, trois générations ont été ici, C'est certain. Probablement d'autres gens, mais ma famille est grande, je ne saurais dire.


Je souriai bêtement, c'était vrai. Ma famille existe depuis longtemps, alors on a perdu le compte au fil des années. Seul les archives de l'école - dans le cas présent, Rakuen y ayant probablement accès - pourraient confirmer mes affirmations. Mais à l'instant présent, c'était un détail.

- J'imagine que l'uniforme de mon père vous a mis la puce à l'oreille, non ?

C'était, encore là, une évidence. Très très frappant. Mais je n'étais probablement pas le seul dans cette situation, à porter l'uniforme du paternel. C'était une partie d'héritage, une façon de prouver que la famille était bien encrée dans l'école et qu'elle avait son rôle à jouer dans son histoire.

Cet enfant était donc un Weiss. En effet, elle en avait entendu parler, et aussi, elle avait reçu un appel du père de cet enfant pour prévenir de la mort de l'un des deux fils. Quelle tragédie… m’enfin, elle se douta qu’il valait mieux éviter d’en parler, il devait avoir déjà assez mal comme ça. Disons que c’était une des familles des plus réputées du pays… il était difficile de ne pas connaître leur existence.

– Oui c’est bien l’uniforme qui m’as fait pensé cela. Et en effet je connais ta famille. Enfin, ce que mon grand-père m’en a dit. Ton père était fort adroit apparemment, et je suppose que tu seras très doué aussi. Je te souhaite la bienvenue dans cette école. Suis-moi dans mon bureau je te donnerai ton horaire ainsi que ton numéro de chambre

Tournant les talons, elle retourna dans son bureau, accompagnée du jeune élève et s’assit derrière son ordinateur. La jeune femme avait encore un peu de mal avec ces instruments venus du futur, même si son mari avait bien pris le temps de lui expliquer. Imprimant l’horaire de l’élève, elle lui tendit ensuite le bout de papier.

– Voilà pour ton horaire, les cours ne commencent pas avant trois jours, tu pourras donc prendre le temps de te reposer. Ta chambre est la 301, au troisième étage. Désire-tu que je t’y emmène ou préfère-tu y aller seul ?

Certains élèves n’aimaient pas être encadrés de la sorte, pensant qu’on les traitait encore comme des gamins. Mais bon, ne pas se proposer et forcer le jeune à se débrouiller seul n’était pas non plus envisageable, alors elle lui laissa simplement le droit de choisir ce qu’il préférait.

Alors, comme ça, elle connaissait ma famille. Ce qu'elle devait ignorer, c'est ce qui faisait que nous, Weiss, étions plus puissants au niveau nécromancie. Moi, je le savais. Et c'était fort simple : Les Weiss sont nés presque en même temps que cet art sombre. Le premier bébé de la famille Weiss a littéralement baigné dans la nécromancie. Nous ne sommes pas les pères fondateurs de la nécromancie, mais presque. Notre nom est écrit dans l'histoire, comme mon nom sur l'arbre du sous-sol. Notre puissante magie se transmet donc de génération en génération. Et depuis la création de l'institut, notre magie ne peut qu'accroître, car nous sommes encore mieux formés que nous l'étions déjà par nos ancêtres.

Elle m'invita à la suivre jusqu'à son bureau, ce que je fis en traînant mon fardeau avec moi, sur mes épaules. Je pris place dans le fauteuil face au bureau. Après quelques minutes, elle me tendit mon horaire. Je le pris et le glissai dans mon étui à cartes, que j'utilisais comme porte-documents temporaire. Elle me dit que ma chambre était la 301, au troisième étage. Génial. Ça fait loin. Mais je ne sais quand même pas où c'est, alors je lui réponds :


- J'aimerais bien, merci ! C'est tellement grand, ici. Je risquerais de m'y perdre rapidement. J'imagine que ça me permettrait de m'habituer aux alentours, vu que je risque de passer quand même beaucoup de temps ici..

Un autre jeune homme entra dans la pièce, celui-ci devait avoir l’âge de la directrice environ, mais voyant que cette dernière était déjà occupée, il s’excusa et repartit. La jeune dame se releva de sur sa chaise et ressortit du bureau accompagnée du nouvel élève. Voyant qu’il avait un peu de mal à traîner ses baguages, elle lui proposa son aide.

– Tout cela me semble bien lourd, désire-tu que je t’aide à apporter tes effets personnels ?

Surtout qu’ils avaient trois escaliers à monter, cela allait être difficile pour lui, elle le devina. Elle avait prévu faire installer un élévateur, mais les ouvriers n’avaient pas été disponibles avant le mois prochain. Aidant le jeune Weiss à transporter ses affaires jusqu’au troisième étage, elle passa à travers un couloir et s’arrêta devant une porte.

– Voilà, ta chambre est ici. Je te laisse t’installer. Lorsque tu auras terminé tu n’aura qu’à redescendre et je te ferai faire le tour de l’école avec d’autres nouveaux élèves. Ne t’en fais pas si tu te perds au début, ce sera bien normal. Les anciens élèves sont là pour vous aider, ainsi que les professeurs et moi-même.

Souriant de nouveau, Rakuen tourna les talons et redisparut dans les escaliers. Le jour de la rentrée était toujours bien occupé pour elle et les autres membres de l’équipe des professeurs et surveillants. Pendant que le jeune garçon s’installait, elle imprima d’autres horaires, aida d’autres nouveaux à se retrouver dans l’école, et retourna voir ce que le jeune surveillant désirait un peu plus tôt.

Dès qu’elle eut deux petites minutes de temps libre, elle en profita pour aller se rassoir sur sa chaise dans son bureau, soufflant un peu.

- Ohlala… quelle journée…

Quelqu'un du même âge que la directrice était entré dans la pièce. Mais il n'était pas resté longtemps, nous voyant occupés. Nous quittâmes le bureau pour nous diriger vers ma nouvelle chambre. Elle m'aidait avec mes bagages, ce qui était bien. Et elle avait raison de le faire, car trois étages c'était long à monter. Une fois au troisième étage, on franchit un couloir avant d'arriver à la porte de la chambre Trois-cent un. Elle me parla de me faire visiter avec les autres élèves, une fois installé. Aussi, que c'était normal si je me perdais au début, mais qu'il y aurait des gens pour me dire où aller.

Elle se retourna pour ensuite quitter les environs, me laissant seul avec ma nouvelle chambre. J'entrai, traînant mon fardeau avec moi. Je déballai mes affaires, rangeant ma cotte et ma double-lame sous mon lit. Je sortis mon grimoire, resté au fond de mon sac. Je m'assis sur mon lit et posai le grimoire ouvert sur mes genoux, commençant à écrire dedans. J'y relatai ma journée. Ce serait surtout pour prendre des notes sur mes apprentissages. Mais vaut mieux commencer maintenant.

Une fois que j'eus terminé de mettre de l'ordre dans mes affaires, je sortis de la chambre et me mis à chercher le bureau de la directrice. Une fois que je l'eus trouvé, je toquai avant d'ouvrir la porte du bureau et de lui dire :

- Je suis prêt.

À peine quelques minutes après qu’elle venait de poser son postérieur sur sa chaise que quelqu’un toqua à la porte, puis passa sa petite tête derrière celle-ci. Le jeune Weiss avait fait vite visiblement. Elle sembla hésiter un moment, n’ayant pas trop envie de retourner travailler puisque depuis son réveil ce matin elle n’avait pas arrêté une seule minute, mais tant pis, c’était le devoir du directeur et elle s’y était engagée envers son grand-père. Souriant donc un peu, elle se releva et se dirigea avec le jeune homme à l’entrée où d’autres élèves attendaient pour faire le tour de l’école.

Comme ils étaient nombreux, le groupe fut divisé en deux et un professeur partit d’un côté avec la moitié des élèves, Rakuen partant de l’autre côté. Pour éviter les escaliers à la fin de leur tour de l’école, la jeune femme décida de les faire commencer par le troisième étage, ce serait donc plus simple par la suite de simplement redescendre entre chaque étage, plutôt que de remonter tout le temps.

Elle leur fit donc tout visiter, du troisième étage jusqu’au rez-de-chaussée, leur indiquant en même temps les positions des plans de l’école qui avaient été accrochés un peu partout. Les anciens élèves avaient eu la brillante idée de proposer cela et les membres de la direction avaient aussitôt acceptés pour facilité les déplacements aux élèves.

Après le tour de l’école, elle laissa les élèves se promener librement à leur aise, mais n’oubliant pas de mentionner qu’ils devaient tous se pointer à l’auditorium pour onze heures, car elle devait faire son discours devant tous les élèves de l’école, des nouveaux aux plus anciens, ainsi que devant les professeurs. C’était surtout pour faire un rappel des règlements de l’école en fait. Attendant l’heure de son discours, la jeune femme alla s’assoir un moment dans la salle des professeurs pour discuter du plan d’horaire de l’après-midi avec ces derniers.