La Nature est notre mère. (PV Rakuen)

_____Une petite baignade, c'est que voulait Lillith. Elle avait chaud et cherchait à se rafraîchir d'une manière ou d'une autre, et la meilleure façon de faire, c'était encore de baigner. Par chance, elle connaissait l'endroit idéal : le lac de la forêt. Ce lac se trouvait dans une petite clairière, bordée d'arbres et cachée derrière des bosquets, un petit coin caché bien agréable et paisible.


_____La nymphe alla donc vers l'endroit qu'elle s'était fixé comme objectif. Elle n'en était pas bien loin, mais elle fit un léger détour, une envie. Se promenant entre les arbres, Lillith trébucha lourdement, s'esquintant le genoux et le coude gauches. Elle se releva, et s'épousseta, faisant attention à ses petites plaies qui la piquait un peu. Sa maladresse faisait rire bien des animaux, et souvent elle était sujette aux moqueries gentilles des autres fées. C'était vexant, mais jamais elle ne leur en voulait car après tout, elles disaient vrai.


_____Lorsqu'elle arriva vers le lac, elle semblait s'émerveiller. Cet endroit, elle le connaissait depuis toujours, mais il avait toujours le même effet : il lui coupait le souffle. La lumière qui plongeait dans la clairière semblait d'une pureté rare, comme si des milliers de cristaux éclairaient l'endroit. Les reflets de l'eau dansaient sur les feuillages verts des arbres, et ces derniers semblaient protéger cet endroit magique. Les couleurs vives de quelques fleurs venaient agrémenter et s'assortir à la verdure.


_____Ce spectacle, elle donnerait tout pour le voir éternellement. Néanmoins, elle s'en détourna pour s'avancer vers l'eau, faisant tomber ses vêtements un à un, jusqu'à se retrouver nue pour se glisser délicatement dans l'eau. Des ondes parcouraient la surface du lac lorsqu'elle y entra progressivement. La fraîcheur de l'eau lui mordit la peau, mais Lillith s'accoutuma rapidement à cette fraîcheur qui était loin d'être désagréable. Une fois sa poitrine immergée dans l'eau, elle plongea la tête sous l'eau après avoir pris sa respiration pour regarder la nature sous-marine.


_____Les choses étaient bien plus différentes, rien à voir avec la terre ferme. Mais étant rapidement à court de respiration, elle sortit la tête de l'eau. Ses cheveux se collèrent immédiatement contre la peau, mais les repoussa en arrière. Un bruit pourtant vint briser cet instant de communion avec la nature. Elle regarda de tous les côtés pour chercher à savoir d'où venait ce bruit perturbateur.


- Qu-qui est là ? bafouilla-t-elle.

Rakuen s’était levée ce matin… totalement en sueur. Elle n’avait pas dormit de la nuit à cause de cette chaleur étouffante et était légèrement de mauvais poil. Elle avait tout tenté pour se rafraichir : bain froid, ventilateur, boisson froide… mais rien n’avait sut y faire. Enfin, le ventilateur était utile… si on s’assoyait directement devant et qu’on ne bougeait plus, mais elle n’avait pas toute la journée pour faire ça. En plus, la jeune femme devait se rendre dans la forêt pour cueillir certaines plantes spéciale dans le but de réaliser une potion de guérison – c’était toujours utile d’en avoir de secours en cas de graves blessures qui pourraient survenir.

La directrice de la Zen’shi Institute s’habilla donc d’un simple short court et d’un haut sans manches – pas trop osés néanmoins, et enfila une paire de petites bottines de randonnée. Sortant de l’école, cela lui pris au moins une heure de marche avant d’arriver à la forêt la plus proche, et une autre heure pour trouver la plante qu’elle convoitait. Plongeant la main dans son sac à dos elle prit une flasque vide et la remplie de la dite plante.

Mais une voix la fit sursauter, une voix féminine. Elle se croyait seule dans ce petit coin de forêt mais visiblement ce n’était pas le cas. Tentant de trouver d’où provenait la voix, elle passa quelques buissons et se retrouva devant un lac, apercevant une jeune femme se baignant nue dedans. Une fée sans doute vu ses oreilles pointues – qui ne ressemblaient néanmoins pas à celles d’un elfe. Rakuen se gratta un peu l’arrière de la tête, se retournant de dos pour ne pas déranger la fée dans son intimité.

– Pardon de vous avoir effrayée… J’ignorais qu’il y avait quelqu’un d’autre par ici…

_____Lillith avait pris une violente teinte rouge, prise de court et gênée. Mais à l'entente de la voix de femme, elle se détendit légèrement, même si elle n'en resta pas moins crispée. Elle ouvrit la bouche à plusieurs reprises, voulant dire quelque chose, mais à chaque fois, elle se ravisait. Elle finit par sortir de l'eau et enfila ses vêtements qui lui collèrent à la peau du fait qu'elle n'avait pas pris le temps de se sécher.


- Pourquoi... Pourquoi êtes-vous dans la forêt, enfin, ici ? demanda-t-elle doucement.


_____La nymphe était plutôt sur la défensive, peu sûre de ce qu'elle dire ou faire. Après tout, la femme n'avait pas l'air d'être dangereuse et encore moins à une criminelle. Aussi tenta-t-elle de ne pas se braquer tout de suite, même si ce n'était pas évident. Elle s'approcha de là où se trouvait la femme très prudemment, et surtout, veillant à l'endroit où elle mettait ses pieds.


_____Elle regarda la femme, la détailla pour être plus précis. Elle restait assez admirative devant cette personne car elle dégageait une certaine prestance qui incitait au respect. Les yeux de Lillith parcouraient rapidement le visage de la jeune femme, s'attardant sur ses beaux cheveux blonds.

La jeune dame entendit la fée sortir de l’eau et se rapprocher d’elle, venant même croiser son regard. Enfin, elle s’approchait trop près de la sorcière à son goût alors elle fit un pas vers l’arrière. Au moins, elle avait pris la peine de remettre ses vêtements, ce qui était bien. Rakuen observa l’inconnue désormais plantée devant elle, et se surpris même à rougir légèrement devant l’incroyable beauté qu’elle possédait. Une nymphe sûrement… Merci à son grand-père pour lui avoir enseigné de nombreuses choses…

La jeune fée semblait aussi sur la défensive qu’elle, allait même jusqu’à lui demander ce qu’elle faisait ici. Sans doute étais-ce son territoire, et qu’elle ne tenait qu’à le protéger. Beaucoup de gens abusaient des bontés de la nature après tout… Essayant de se détendre, elle fit un petit sourire à son interlocutrice.

– Ne vous inquiétez pas, je ne veux pas de mal à votre forêt… J’imagine que cela est votre territoire. Pardonnez-moi d’y avoir pénétré sans autorisation, j’ignorais que c’était occupé. J’avais seulement besoin d’une petite dose de Balicia pour fabriquer une potion de guérison…

N’ayant aucune envie d’entrer en guerre contre une créature de la forêt, elle ressortit la flasque de son sac et lui montra pour prouver ses dires. Si cette nymphe désirait une offrande en échange de cette plante, Rakuen ferait le nécessaire.


(PS : J’ai inventé un nom de plante je me suis dit que ce serait plus amusant ainsi XD)

_____La fée se détendit un peu lorsque la jeune femme lui montra la flasque avec de la Balicia. Mais toujours était-il qu'elle restait crispée. Néanmoins, elle tenta de s'ouvrir un peu, même si c'était plus facile à dire qu'à faire. Timidement, elle tenta de sourire, un sourire maladroit, et plus affligeant qu'autre chose pensa-t-elle pour elle-meme.


_____Et puis zut, pourquoi tenter de faire connaissance avec cette inconnue qu'elle ne verra sans doute plus jamais ? La curiosité ? Ce n'était pourtant pas dans ses habitudes d'être piquée au vif ainsi. Elle se souvint alors de ce que sa mère lui avait dit : Les gens changent, toi aussi, et cela pourrait te surprendre. C'était donc vrai... Même si elle n'en était pas totalement sûre, elle essaya quand même de créer un lien avec la blonde.


- La Crisone, pour les blessures... C'est mieux que la Balicia, enfin, je... C'est ce qu'on m'a dit.


_____Elle était hésitante, sa phrase semblait être hachée, sa tête lui tournait dû au fait de l'effort de surmonter sa timidité maladive. Elle attendit une quelconque réaction, se demandant si elle avait bien fait de lui dire ça. Lillith joua avec ses doigts et regarda ses pieds et levait son regard vers la femme, alternant la vision du sol et celle de l'inconnue.

C’était plutôt étrange de voir la fée aussi timide devant elle, ou alors étais-ce de la peur ? Rakuen n’était pourtant pas vraiment imposante… du moins, pas au naturel, mais elle pouvait l’être lorsqu’elle le voulait. Mais dans ce cas-ci, c’était presque maladif, la jeune nymphe aillant du mal à même prononcer une phrase complète sans bégayer. Elle n’avait pas souvent dût faire de rencontre en tout cas. Néanmoins, son commentaire piqua la curiosité de la blonde, celle-ci ressortant son livre de recettes pour vérifier les ingrédients de sa potion. Elle l’avait déjà réalisée dans le passé, mais sait-on jamais.

– Oh ? Pourtant c’est bien la Balicia qui est écrit dans la recette… Mais je vais vous faire confiance, vous devez connaître les plantes d’avantage que moi, puisque vous vivez ici… Sauriez-vous par où je pourrais trouver un peu de Crisone alors ? Enfin si cela ne vous dérange pas que j’en prenne un échantillon bien sûr…

Rakuen ne désirait pas déranger la jeune femme dans sa baignade, s’attendant simplement à ce qu’elle lui indique une direction ou lui dise de s’en aller. Dans les deux cas, elle serait partie aussitôt, ne tenant pas à la rendre encore plus mal à l’aise qu’elle ne l’était déjà. Bien qu’à la chaleur qu’il faisait, une baignade ne lui aurait pas fait de mal non plus, mais hors de question qu’elle se dénude devant quelqu’un d’autre, même si ce quelqu’un d’autre était aussi une femme ; et elle ne tenait pas à se baigner avec ses vêtements. Peut-être qu’elle pourrait trouver un autre petit coin d’eau plus loin sur son chemin vers la plante en question.

- B-bien sûr que vous pouvez en prendre. Il vous suffit de vous diriger vers l'Ouest, vous en trouverez de bonne qualité dans les creux des arbres. Néanmoins, faites attention, il y a des rôdeurs dans ce coin, et beaucoup volent les richesses d'étrangers.


_____Elle avait toujours cette habitude de dire les choses de manière lente et presque en chuchotant. Elle pestait contre elle-même et cette timidité. Pourtant, elle se félicitait d'avoir pu dire autant sans trop bégayer. C'était un grand pas pour elle, même si elle savait que ça ne serait pas le cas avec tout le monde. Au pire, ce n'était pas bien grave, il y avait tellement peu de gens par ici qui n'étaient pas mal intentionnés.


- Peut-être voudriez-vous un peu d'aide ?


_____Lillith avait demandé ça de manière hasardeuse. Elle ne savait pas si elle avait bien fait ou non de demander. Elle regarda ses pieds avant de regarder la jeune femme.

- B-bien sûr que vous pouvez en prendre. Il vous suffit de vous diriger vers l'Ouest, vous en trouverez de bonne qualité dans les creux des arbres. Néanmoins, faites attention, il y a des rôdeurs dans ce coin, et beaucoup volent les richesses d'étrangers.

Après ses indications, la jeune femme tourna donc la tête en direction de l’ouest. Pour ce qui était des rôdeurs, elle ne les craignait pas vraiment, sachant parfaitement se défendre et se battre en cas d’attaque. S’apprêtant à laisser la jeune nymphe à sa baignade et reprendre sa route, elle s’arrêta, celle-ci venant de lui proposer un coup de main. Rakuen la fixa un moment, souriant un peu. Elle n’avait pas vraiment besoin d’aide pour partir à la chasse aux plantes, mais la pauvre semblait timide et aussi seule. Peut-être désirait-elle vraiment un peu de compagnie.

– D’accord, c’est gentil à vous. Je suppose que je trouverai ce que je cherche bien plus facilement avec votre aide, mais je ne voudrais pas vous déranger, vous sembliez occupée avant que j’arrive et vous dérange…

Se doutant que la jeune femme allait la suivre, Rakuen commença donc à marcher en direction de l’ouest comme celle-ci venait de lui indiquer. L’humaine la regardait du coin de l’œil, elle ne semblait pas avoir souvent rencontré d’étrangers vu une timidité pareille. Peut-être ne sortait-elle jamais de cette forêt…? Elle hésita à lui faire la conversation, se disant qu’elle aurait sans doute du mal à répondre, mais en même temps, elles n’allaient tout de même pas faire un chemin commun sans s’adresser la parole… ça aurait parût trop froid comme comportement…

– Au fait, comment vous appelez-vous ?

_____Lorsque la blonde accepta l'aide qui lui était proposée, la nymphe était soudainement excitée à l'idée qu'elle ne serait pas seule le temps de quelques minutes voire même heures si elle avait de la chance. Elle couru un peu derrière la jeune femme pour ne pas être à la traîne. Tant pis pour la baignade, le lac ne changerait sans doute pas de place d'ici à ce qu'elle revienne.


– Au fait, comment vous appelez-vous ?


_____La nymphe ne s'attendait surement pas à cette question. Elle regarda ses pieds pour prévenir un maximum d'éventuelles chutes avant de lui répondre.


- Je m'appelle Lillith, et vous ?


_____Elle empruntait toujours cette voix douce, peut-être même trop. Néanmoins, elle sentait que l'assurance venait petit à petit, même si c'était une assurance fragile qui ne tenait qu'à un fil.

Rakuen fut légèrement surprise suite à la réponse de la jeune fée, allant jusqu’à s’arrêter quelques secondes de marcher, mais se reprenant lorsqu’elle revint à ses pensées. Elle en oublia même de répondre, du moins pour le moment. Car en effet, son grand-père avait eu l’intelligence de lui apprendre un peu de Démonologie, et elle savait parfaitement bien que Lilith était une démone plutôt puissante et importante en enfer, «La mère de tous les démons» disaient ses livres. M’enfin, cela ne devait être qu’une pure coïncidence dans ce cas-ci, selon la timidité maladive qu’elle possédait, elle ne pouvait être une démone, bien que ceux-ci pouvaient jouer la comédie... mais bon. Si cette femme aurait été la vraie Lilith de l’enfer, probablement qu’elle lui aurait inventé un nom et ne lui aurait pas dévoilé son vrai. C’était déjà encourageant.

– Je m’appelle Rakuen, enchantée

Au bout de quelques minutes de marche, environ une vingtaine, et après quelques sujets de discussions se terminant souvent rapidement, quelques hommes sortirent de la forêt et se mirent à entourer les deux jeunes femmes. Évidemment, on pouvait clairement voir sur leurs visages que leurs intentions étaient loin d’être catholiques. Rakuen, nullement impressionnée, cessa néanmoins sa marche et se contenta de les fixer, aucune émotion ne paraissant dans son visage.

– Alors mes jolies, que font deux jeunes poulettes dans votre genre toutes seules en pleine forêt...?

Le simple mot «poulette» réussit à mettre la jeune humaine de mauvaise humeur, détestant se faire appeler par ce genre de surnoms ridicules qu’on donne aux filles de joie qui ne servent qu’à une chose, mais elle s’efforça de ne pas se mettre en colère trop vite, cela pourrait plutôt leur être fatal...