J'espère que cela ne changera pas notre relation. (Pv Sibylle)

_____Le parc d'Ingwuië était magnifique, d'autant plus par ce temps. Sibylle prenait le temps de le visiter, elle l'avait déjà vu, mais à chaque fois c'était une redécouverte, après tout, ses passages à Ingwuië était souvent espacé de cinquante ans approximativement, si ce n'est pas un peu plus. C'était la troisième fois qu'elle venait ici.


_____Un vent doux prônait ce soir, faisant voltiger ses cheveux à la lueur de la lune. Il faisait un peu frais, et elle avait oublié son gilet à l'auberge. Tant pis, elle visiterait le village de nuit sans, quitte à attraper un rhume. Enfin, ça ne serait pas malin d'en avoir un alors qu'elle encore tant de choses à visiter. Tant pis.


_____La sirène prenait son temps pour regarder son environnement qu'elle trouvait magique et enivrant. La douceur de la nature était fascinante, ces couleurs douces hypnotisaient sans aucun doute toutes les personnes passant par ici à cette heure-ci. Et cela ne la trompa pas lorsqu'elle percuta quelqu'un et qu'elle tomba au sol un mètre plus loin. Elle jura, se releva et s’épousseta l'arrière-train.


- Je suis désolée, dit-elle en levant les yeux la personne qu'elle avait percuté. Ca va ? Vous n'avez rien ?

_____Le voyant qui se relevait, Sibylle soupira de soulagement. Elle n'avait tué personne, Dieu merci. Il lui avait répondu, s'excusant. Elle hocha de la tête négativement.


- Ce n'est rien, je vais bien aussi, ne vous inquiétez pas.


_____Le sautillement frénétique du jeune homme n'échappa pas à la rousse. Après tout, il donnait l'impression d'être pressé ou de vouloir aller aux toilettes. La sirène opta pour la première raison, ne souhaitant pas partir dans des délires grands comme le monde, après tout, elle avait une imagination débordante, ce qui ne lui faisait jamais défaut dans ses histoires. Enfin.


- Vous êtes sans doute pressé, non ? demanda-t-elle en connaissant d'avance la réponse.


_____Elle attendit néanmoins la réponse du jeune homme. Mais bon, autant ne pas se faire d'illusions. Ce n'était surement pas une envie pressante qui l'animait d'autant d'énergie.

_____Sibylle nota les quelques éléments qui laissaient deviner le stress de son interlocuteur, après tout, même un aveugle l'aurait remarqué. Ses phrases entrecoupées, saccadées ne firent que confirmer le stress du jeune homme. Bien vu l'aveugle, se dit-elle. Elle n'écouta pas un traître mot de ce que le jeune homme lui dit. Elle revint à la réalité lorsqu'il se présenta : Daisuke Gisen.


- Enchantée, dit-elle en souriant de toutes ses dents et en lui prenant la main pour la serrer énergiquement.


______La rousse avait la vague impression d'avoir raté quelque chose d'essentiel lorsqu'il lui avait parlé, et aussi fort souhaitait-elle se souvenir d'avoir compris quelque chose, même infime, ses efforts étaient vains. Tant pis, elle haussa des épaules avant de se rendre compte qu'elle ne s'était pas à son tour présentée.


- Je suis Sibylle Almazovna, je suis barde et voyageuse à mes heures perdues, s'empressa-t-elle de dire sur un ton chantant.


_____Voyant que Daisuke commençait à marcher, elle le suivit, silencieusement, en sautillant un peu, comme si elle cherchait à ajouter de la gaieté en soirée bien avancée.

_____Si cela la dérangeait ? Que voulait-il bien dire ? La sirène ne comprenait rien, néanmoins, elle fit comme si de rien n'était et hocha de la tête vivement.


- Non, ça ne me dérange pas, absolument pas !


_____Elle restait pensive... Qu'est-ce qui ne la dérangeait pas ? Elle avait répondu que non, parce qu'elle ne voulait pas paraître impolie en lui faisant comprendre qu'elle ne l'avait pas écouté, et puis de toute manière, ce n'était pas une personne contrariante. Lorsqu'il l'invita à venir, elle comprit qu'il voulait l'emmener quelque part. Elle et sa tête en l'air, c'était impossible.


- Si je viens ? Mais avec plaisir ! s'enquit-elle de dire joyeusement en prenant la main tendue. Mais euh... On va où déjà ?


_____La question lui avait échappé bien malgré elle. Oh et puis tant pis, ce qui est fait est fait, pensa-t-elle. Dans tous les cas, ça ne lui coûtait rien de poser cette question et encore moins de le suivre. Néanmoins, elle espérait fortement qu'il croit qu'elle avait simplement oublié la destination. Par ailleurs, elle remarqua une certaine marque d'assurance ou de confiance bien que léger, mais bon, c'était déjà ça.

_____Le jeune homme lui répondit. Valkar. Elle hocha de la tête positivement en souriant. Mais son sourire s'effaça, pour laisser place à la surprise. Daisuke qui était auparavant un homme était devenu une bête, un loup-garou. Voilà ce qu'il avait surement tenté de dire. Elle s'en voulu de ne pas l'avoir écouté, après tout, elle n'aurait pas fait une telle tête. Enfin, ce n'était pas un lycanthrope qui l'effrayerait. Elle avait su dompter cette espèce grâce à son chant. Une fois seulement, mais elle avait survécu et c'est là l'essentiel.


_____La transformation du jeune homme l'impressionnait quelque peu, elle n'avait assisté qu'une fois à ce genre de phénomène et cela commençait à dater. Sa peau se recouvrait progressivement de poils, il se cambrait légèrement, grandissant à vue d'oeil. C'était tellement rapide, et surtout inattendu pour Sibylle. Si seulement elle avait écouté un peu plus, elle n'aurait pas été prise de court.


- Je sais que cela doit vous paraître étrange, mais prenez place sur mon dos, nous voyagerons plus vite ainsi. Agrippez vous bien, même si je sais que j'ai la peau sur les os dans cette forme-ci.


_____Sur ces mots, Daisuke se baissa de manière à ce que la rousse puisse lui grimper sur le dos. Elle hésita, réfléchit un instant. Et si quelque chose se passait ? Non, rien n'arriverait, si quelque chose devrait arriver, ça se serait déjà passé et puis, non, elle n'aime pas rejeter quelqu'un à cause de sa race. Sur cette pensée, elle passa ses bras autour de son cou et grimpa sur son dos comme il lui avait demandé.


- Allons-y ! s'écria-t-elle en pointant l'horizon comme un conquérant l'aurait fait.

_____Lorsque le loup-garou commença à s'avancer, Sibylle eut un hoquet de surprise. En fait, elle ne s'attendait pas à ce qu'il soit aussi rapide. Elle s'agrippa fermement, mais croyait qu'elle pouvait tomber à tout moment. En même temps, elle hésitait à s'accrocher plus fort, ne souhaitant pas faire mal au lycanthrope. Alors, elle espéra juste ne pas tomber.


_____Cette idée lui quitta bien rapidement l'esprit lorsqu'il sauta par dessus la grille du parc, lâchant un petit cri de peur. C'était aussi bien drôle et excitant qu'effrayant, et la sirène n'aurait su dire lequel était plus vrai. Elle cria à nouveau lorsque Daisuke sauta sur un toit de maison. Mais quelle idée avait-elle eu ! Pourtant, ça n'était pas désagréable de se faire transporter de la sorte.


_____Elle tentait de voir les paysages, mais la vitesse était telle que la seule chose de consistante qu'elle pouvait voir était la lune. Aussi se focalisa-t-elle sur cette dernière, hésitant à parler à Daisuke. Après tout, peut-être pouvait elle le déranger, et c'était une chose à éviter. Elle réprima un léger frisson, le vent lui mordant la peau. Ce n'était pas très agréable, car elle n'avait pas de gilet, mais tant pis, elle ferait sans. Elle attendrait de revenir à Ingwuië pour prendre un gilet de sa valise qui était à l'auberge.


- Merde, pesta-t-elle.


_____Sa valise, elle devrait refaire tout le chemin en sens inverse pour retrouver sa valise... Tant pis, elle est en route pour Valkar, c'était comme ça et pas autrement finit-elle par se dire.

_____Lorsque le lycanthrope dérapa, Sibylle manqua de passer par-dessus lui. Elle descendit lorsqu'il lui invita, et une fois à terre, elle regarda intriguée Daisuke. Ils n'avaient pourtant aucune raison de s'arrêter ici. La sirène observa le loup-garou, et vit ses coups d'oeil en direction de la lune. La question qui suivit les coups d'oeil ne la surprit même pas.


- Hum... Je ne sais pas, je dirai approximativement une heure voire même trois quart d'heure, guère plus.


_____Une certaine tension s'était instaurée dans l'atmosphère. La rousse ne comprenait pas grand chose, ça lui échappait même totalement. Puis, elle se rendit à l'évidence, à la pleine lune, il perdait conscience. C'était donc ce qui l'inquiétait.


- Vous savez, j'ai des amis par ici que je n'ai pas vu depuis longtemps.


_____Elle espérait que cette insinuation l'aiderait à faire son choix, car à sa tête, Sibylle était sûre et certaine qu'il ne savait pas quoi faire. Elle le regarda en souriant, l'invitant à choisir sans qu'il n'ait des remords.

_____La sirène se mordit la lèvre inférieure. Peut-être n'aurait-elle pas du dire les choses ainsi. Tout ce qu'elle espérait, c'était qu'il ne lui en veuille pas, elle et son manque de tact.


- Je n'ai jamais dit que je voulais partir, mais euh... Vous ne seriez pas plus à l'aise seul ? Ce n'est pas contre vous ou quoi, au contraire, c'est pour vous que je vous le propose.


_____Il lui proposa alors de lui offrir quelque chose. Elle pencha la tête sur la droite, intriguée de savoir ce qu'il pourrait bien lui donner. Elle le vit trafiquer quelque chose, sans trop savoir quoi. Daisuke lui tendit son poing, et à son tour, elle plaça sa main sous son poing, attendant de voir ce qu'il voulait lui offrir, légèrement impatiente. Elle réagissait comme une enfant, et c'était comme ça à chaque fois qu'on lui offrait quelque chose.

- Ce n'est pas grand chose mais.. J'espère que cela vous plait.


____Il lâcha alors ce qu'il avait la main et retira cette dernière. Sibylle regarda ce qui était dans sa main avec une fascination non feinte. Elle avait entre ses mains une pierre reluisante de bleu, un bleu très pure et épuré, comme l'eau à Kanilìa, quand le soleil passe à travers la glace. C'était un pendentif magnifique.


- Oh... Mais... euh... c'est magnifique ! Vous êtes sûr que vous me le donnez ? Je veux dire, ça me gêne, un cadeau aussi beau et qui semble aussi précieux... Je n'ose pas l'accepter.


____La sirène voulait redonner le cadeau à Daisuke, après tout, cela semblait tellement précieux qu'elle ne savait même pas pourquoi il le lui offrait. Même si elle trouvait la pierre sublime, sa raison morale ne pouvait accepter un tel cadeau. Elle le remercia tout de même.