Prudence, ou le loup vous mangera (PV Grey Valkar)

Un ordre de la cours, voilà la seule raison qu’ils lui avaient donnée ?! Parce qu’un ordre de la cours l’avait décidé, Rakuen n’avait pas son mot à dire ? Accueillir un criminel dans son école était bien loin de faire son affaire. Même si cette école était magique, elle avait autre chose à faire que surveiller un élève en permanence pour s’assurer qu’il ne ferait pas de bêtises, et les professeurs aussi. Peut-être pourrait-elle lui appliquer un sceau de gentillesse… m’enfin.

Elle n’eut d’autre choix que de se résigner, puisqu’elle n’avait pas le choix de le prendre sous son aile. Et puis, peut-être qu’elle allait réussir à le ramener dans le droit chemin, mais ça, elle ne s’en faisait pas trop d’espoirs. Une chose était certaine, elle avait été prévenue qu’il aimait bien pratiquer le vaudou, aussi s’assurerait-elle qu’il ne repartira pas avec aucune partie d’elle-même, pas même ses cheveux…

Sortant donc de son bureau, la jeune directrice avait organisé une réunion des professeurs pour les prévenir de tenir ce nouvel élève à l’œil et de ne pas le laisser faire de bêtises trop importantes. En même temps, elle se doutait que le surveiller de trop prêt aurait sûrement des répercutions sur le comportement de l’adolescent, et qu’il s’amuserait sans aucun doute à faire encore plus de bêtises, aussi leurs dit-elle de rester discrets.

Ressortant finalement de la salle des professeurs, les regardant repartir pour aller préparer leurs cours, elle se dirigea elle-même vers le hall d’entrée, et regarda sa montre. 7h50. Les gendarmes allaient sûrement arriver bientôt avec le garçon…

Cela ne prit pas de temps avant que les gardes arrivèrent avec le jeune détenu, la directrice le scrutant du regard. Il avait effectivement le profil d’un criminel à première vue, ou du moins, celui d’un mauvais garçon. Elle se contenta de rouler les yeux lorsqu’il critiqua la décoration de l’établissement, elle ne s’en trouva pas vexée le moins du monde.

– Et bien tu redécoreras ta chambre comme tu le voudras, le reste de l’école c’est moi qui décide de la décoration, qu’elle te plaise ou non jeune homme…

Les gendarmes lui présentèrent le détenu de par son nom d’immatriculation de criminel… quel mange de personnalisation se dit-elle, mais bon. Ainsi donc, c’était le descendant de la famille du Village, bien qu’elle se doutait qu’il avait dut être renié par le reste de sa famille pour ses actes. Malheureusement, le monde n’était pas peuplé seulement de gens gentils et serviables. Rakuen jeta un regard légèrement noir au capitaine de la gendarmerie.

– Évidemment, vous m’imposer ce jeune homme et vous me dites en plus que c’est moi qui en subira les conséquences s’il fait la moindre bêtises, sans même que vous m’ayez demander mon accord avant que la cours ordonne le jugement…

Les chassant un peu de l’école, elle venait de passer sa colère sur les «policiers» du village. Elle détestait les gens qui organisaient des choses sans même demander avant si ça faisait l’affaire de la personne concernée, et encore plus lorsqu’il était sensé s’agir des forces de l’ordre. Soupirant donc, elle revint près du jeune homme, ne se sentant pas le moindrement intimidée par le regard perçant qu’il jetait sur elle.

– Merci, je suppose… je tiens à mettre quelques trucs au clair immédiatement, je ne passerai pas mon temps à t’observer, je pense que plus on met de surveillance sur quelqu’un et plus cette personne aura envie d’enfreindre les règles. Néanmoins j’ai prévenu tous les membres du personnel de ta venue et ils n’hésiteront pas à t’arrêter si tu tente la moindre bêtise ou si tu mets d’autres personnes en danger. Bien, maintenant prend tes baguages et suis-moi, je vais te conduire à ta chambre…

Rakuen fixa un long moment le jeune Grey devant elle, d’abord un peu surprise par ses propos, puis davantage irritée par ce comportement à se croire supérieur aux autres. Mais bon, elle ne perdit pas de temps à donner une réponse qui allait simplement lui passer d’une oreille à l’autre sans s’arrêter la moindre seconde à l’étape du cerveau. Elle se demanda néanmoins s’il avait été prévenu qu’il se trouvait dans une école de magie… m’enfin.

La jeune femme tourna les talons et traversa une partie de l’école pour se rendre aux escaliers, s’assurant que le jeune homme la suivait. Elle monta les escaliers jusqu’au premier étage, puis à nouveau jusqu’au second étage. Parcourant donc les couloirs, elle fit de petits sourires aux élèves qui daignaient la saluer. En effet, en général, les élèves l’appréciaient comme directrice, puisqu’elle était parfaitement à l’écoute, compréhensive et pas trop stricte ; sauf si la situation l’exigeait.

La directrice s’arrêta donc devant une porte, dont elle sortit une clé de sa poche et ouvrit cette dernière, laissant le jeune sorcier entrer, entrant après lui. Une fois à l’intérieur, elle lui remit la clé de la porte. La chambre était moyennement grande, contenant deux lits simples, des tables de chevet près de chacun des lits, une penderie et un meuble de télévision, évidemment avec la télévision dessus. Tout était décoré plutôt dans le style classique, arborant des rouge foncé, des bleu royal, des vert forêt et du doré.

– Voilà ta chambre, et voilà la clé. Pour l’instant tu n’as pas de compagnon de chambre mais ça ne veut pas dire que tu n’en auras jamais. Aussi je tiens à te préciser que si tu espère un jour jouer échec et math contre moi, alors tu auras besoin de davantage de savoir magique que la simple pratique vaudou. Tu te trouve dans une école de magie, et je n’en suis pas la directrice inutilement…

La jeune femme attrapa la poupée et l’observa, d’abord surprise d’avoir réussit à se faire piquer un cheveu alors qu’elle avait été plutôt sur ses gardes tout le chemin… enfin presque tout, et visiblement il en avait profité pendant ce cours laps de temps pour lui dérober quelque chose de primordial pour lui. Serrant d’abord un peu la poupée, elle devait néanmoins admettre qu’il était plutôt doué, la poupée étant plutôt ressemblante…

Elle prit une grande inspiration pour se calmer… et pensa qu’elle allait ajouter des caméras de sécurité un peu partout dans l’école… Néanmoins, un léger sourire en coin se dessina sur son visage, alors qu’elle prit le cheveu autour de la poupée et le retira, pour ensuite relancer la figurine en tissus au jeune homme. Les pratiques vaudou ne lui faisaient pas peur, son grand-père s’était arrangée pour qu’elle en soit immunisée et lui avait appliqué un sceau spécial, bloquant tout type de manipulation venant de l’extérieur, que ce fut l’hypnose, la possession ou les techniques vaudou.

– Tu as beau connaître mon personnel, tu ignore encore de nombreuses choses, et sache que si tu me fais trop de misères je n’hésiterai pas à t’appliquer un sceau de gentillesse… qui supprimera de ton cerveau par de fortes décharges électriques la moindre pensée de faire quelque chose de méchant, d’hypocrite ou de malfamée. Mais je garde cette option pour la fin… Néanmoins je vais te faire un compliment, tu es doué en la fabrication de poupée… elle est très ressemblante…

La jeune femme tapa dans ses mains deux petits coups puis plusieurs morceaux de l’uniforme scolaire apparurent sur le lit, aux côtés du garçon. Puisqu’il avait dit ne pas avoir d’autres vêtements, elle se permet de lui en donner davantage qu’aux autres élèves, mais ça n’allait être que temporaire. Le voyant commencer à coudre des poupées à l’image des étudiantes qu’ils avaient croisés, Rakuen compris qu’il allait sûrement être un danger pour tout le monde ici, aussi allait-elle tout faire pour convaincre le juge de le renvoyer ailleurs que de son établissement. Mais pour l’instant, elle n’avait pas envie de déjà déclarer la guerre à quelqu’un, et peut-être pourrait-elle lui faire entendre raison.

Prenant donc place près de lui, s’assoyant sur le lit, elle le regarda travailler, s’impressionnant davantage de la précision de son art. Certains criminels faisaient le mal parce qu’ils étaient malheureux, d’autres, simplement par pur plaisir. Voyons donc voir dans quelle partie celui-ci était-il.

– Pourquoi fais-tu cela dit-moi ? Je veux dire, faire le mal autour de toi… tu sais les pratiques vaudou peuvent aussi être très utiles pour aider les autres… Qu’est-ce que cela t’apporte de manipuler les autres ainsi ?

Rakuen se doutait déjà qu’il ne répondrait sûrement pas à ses questions, croyant qu’elle allait tenter de l’analyser ou un truc du genre. Mais elle n’avait pas envie de lui assigner un surveillant permanent, et elle se doutait bien que lui non plus n’en aurait pas envie. Aussi, elle n’abandonnait jamais les bras lorsqu’il s’agissait de tenter de ramener quelqu’un dans le droit chemin. Mais… elle allait appliquer quelques sceaux comme le siens au moins aux autres professeurs et surveillants pour l’instant…

Rakuen relâcha un léger sourire en le voyant s’installer comme s’il était chez le psychologue. Ça n’avait pas été son but de le faire sentir ainsi, simplement si elle allait devoir l’accueillir dans son école, aussi bien apprendre à mieux le connaître. Elle ne s’en servirait probablement pas contre lui, de toute façon, elle savait que peu importe son niveau intellectuel côté stratégie, elle avait davantage de puissance magique que lui et arriverait à le maîtriser s’il tentait de faire quoi que ce soit contre elle, ou un autre élève. Mais mettre le reste des élèves en danger était quelque chose qui l’inquiétait grandement, car la sécurité de ses élèves restait sa priorité, et il y avait déjà beaucoup trop d’ennemis à son gout qui tentaient de pénétrer dans l’établissement.

– Dans un sens, tu as raison, c’est vrai, mais ton exemple n’est pas le meilleur, puisqu’un homme qui coucherait avec une femme mariée, et bien la femme reste en total accord avec le fait de se laisser aller au lit avec une autre personne que son mari. Hors, en manipulant les gens à ta guise grâce à ta magie, tu ne demande pas leur avis, c’est donc un geste qui reste dans le mal, selon ma propre définition du mal.

Tu sais, ici tu es dans une école où les élèves viennent pour apprendre. Je n’ai pas envie de te mettre un surveillant en permanence et je suis certaine que tu n’en a pas envie non plus, et franchement, ce que tu feras de ta vie après que tu auras terminé ton temps ici, ça ne me regarde pas. Si tu veux faire le mal autour de toi, ce sera ton choix, mais le temps que tu es ici, si tu fais du mal aux autres élèves, je me verrai forcer d’intervenir, et crois-moi tu n’aimeras pas cela. Je ne suis pas en train de te faire des menaces, j’espère seulement que tu comprendras mon point de vue, et que tu resteras sage…

Pourquoi ne pas en profiter pour suivre ce que tu apprendras ? Tu apprendras à manier la magie par bien d’autres façons que les pratiques vaudou, tu n’en ressortirais que plus puissant… À ta place, je considèrerais ça comme un bon moyen d’avancer encore plus.

La jeune femme afficha un petit sourire sincère. Elle s’était laissée emporter par la peur tout à l’heure, mais là, elle avait repris le contrôle sur elle-même. Ce garçon ne devait pas être bien différent des autres, et peut-être qu’il n’allait pas créer autant de problèmes qu’elle l’imaginait.

Visiblement, ce jeune homme était effectivement une cause perdue, mais il n’était pas aussi visé vers le mal qu’elle le pensait ; au contraire, c’était une personne plutôt neutre qui ne pensait qu’à lui-même. Un parfait égoïste en somme qui n’hésitait pas à user du mal pour arrifer à ses fins, mais au moins, vu son comportement actuel, elle comprit qu’elle l’avait énervé autant que lui pouvait l’avoir énervée, et l’énervait actuellement. Au moins, si on voyait le côté positif, on pouvait admettre qu’il était honnête... honnêtement emmerdant mais honnête... Indignée, elle se releva d’un bond pour ensuite agripper rapidement les poupées à l’effigie des élèves.

– Non, ce que je redoute est que tu fasse du mal à d’autres élèves de mon institut ! Et crois-moi si tu oses me faire des misères je retournerai voir le juge qui t’as interné ici pour te renvoyer en prison, même si je dois engager une dizaine d’avocats pour ça. Et je ne te demande aucune aide, tu ne saurais rien faire contre une attaque de démons de toute façon. Le temps que tu es ici tu te plies aux règlements, point final. Tu ne gagneras pas sur moi, entre toi bien ça dans le crâne mon cher... Pour ce qui est des repas, la cafétéria est toujours ouverte... Et je te confisque les poupées !

Totalement irritée, elle quitta la pièce d’un pas rapide, se contenant de tout son être pour ne pas exploser, claquant la porte derrière elle. Mais après quelques minutes, elle s’en voulu d’avoir réagit ainsi, non pas parce qu’elle aurait pu le vexer, mais bien car elle venait de se montrer en état de faiblesse devant un criminel, et qu’il allait sûrement en profiter...