Un Bordel de Papiers (PV Daisuke)

La nouvelle année venait de commencer et déjà Rakuen avait eu de la difficulté à retrouver les plans de cours pour les professeurs. Enfin, plan de cours était un grand mot. C’était plutôt les feuilles indiquant ce qu’ils devaient enseigner aux élèves avant les examens de fin d’année, pour que ceux-ci soient entièrement préparés et qu’ils maîtrisent bien la matière. Elle venait de passer toute l’avant-midi dans la salle des professeurs à tenter de retrouver ses foutues piles de feuilles de papier, allant jusqu’à mettre la bibliothèque à l’envers. Oh elle comptait bien replacer après. Mais pour l’instant, tous les livres et cartables avaient été empilés sur la table à manger.

– Mais où ais-je foutu ces feuilles ?!

Se tirant une chaise, elle prit son mal en patience, tenta de se calmer et pris cartable par cartable, feuilletant feuille par feuille de ceux-ci, dans l’espoir qu’elle les aurait peut-être mis au mauvais endroit par erreur et qu’elles n’étaient pas vraiment perdues.

La directrice était tellement concentrée dans ses recherches qu’elle ne remarqua même pas les quelques professeurs qui entraient et ressortaient pour se faire un café ou pour prendre une pause. La plupart devaient la trouver étrange, mais elle s’en foutait complètement en ce moment. Leur regard ne l’atteignaient même pas, et aucuns n’avaient encore pris le risque de la déranger.

La directrice sursauta comme jamais au simple petit tapement de doigt sur son épaule, relâchant un cri alors que de nombreuses feuilles et quelques livres tombèrent au sol suite à sa réaction exagérée. Elle était vraiment concentrée en tout cas. Son regard fut tout de suite attiré vers le document que tenait le jeune professeur devant elle – plutôt mignon d’ailleurs – et ses yeux s’illuminèrent aussitôt.

– Les voilààààààààh !!!!!!

La jeune femme se rua sur le document, l’attrapant et le serrant contre elle, pour ensuite se jeter sur le professeur et le couvrir de baisers sur les joues dans son élan de bonne humeur, le remerciant milles et une fois. Elle se releva ensuite et aida le jeune homme à se relever aussi, les deux étant tombés au sol lorsqu’elle s’était jetée sur lui.

– Merci énormément, je cherche ces feuilles depuis ce matin

Parcourant rapidement le document, Rakuen ressortit quelques feuilles pour chaque professeur, leur expliquant que c’était les plans de cours qu’ils devaient suivre, ainsi que des listes d’élèves qui étaient sous leurs tutorats. Elle commença par donner celles à Daisuke puisqu’il l’avait aidé. Pour l’instant il n’y avait eu qu’une seule journée d’école de passer alors le manquement des plans de cours n’avait pas été très grave.

La jeune directrice fit rapidement le tour des professeurs présents dans la pièce, mais elle allait devoir faire le tour de l’école car plusieurs étaient en cours à cet instant. Les autres professeurs repartirent après avoir reçu leurs papiers, mais le jeune homme dont elle avait couvert de baiser revint vers elle, lui demandant quelques conseils sur le programme de tutorat. Souriante, elle plongea son regard bleuté dans le siens.

– En fait, vous n’avez pas grand-chose à faire. Ce programme a été mis en place simplement pour que les élèves soient encadrés. C'est-à-dire que ces élèves sont sous votre garde. Autrement dit, s’ils ont de la difficulté dans une matière, à laquelle vous pouvez les aider bien sur, ils peuvent venir vous voir, ou s’ils ont des problèmes personnels vous pouvez les conseiller. Donc signifiez-leur simplement qu’ils peuvent venir vous voir en cas de problèmes, et sinon vous n’avez qu’à attendre qu’ils viennent à vous.

Puisque l’école n’avait pas encore assez de finances pour se payer un psychologue, c’était un peu les professeurs et elle-même qui servaient d’écoute. Elle fixa un moment le jeune blond, se demandant si ses explications avaient été plus claires ou si elle l’avait mêlé d’avantage. Rakuen se frotta un peu l’arrière de la tête.

– Dites-le moi si je n’ai pas été très claire…

Rakuen regarda le jeune professeur, toujours avec le sourire, bien qu’un petit point d’interrogation pouvait être visible dans ses yeux. Elle se demandait pourquoi il la fixait comme ça, comme s’il observait le moindre détail de son visage. Et elle se demandait aussi si ce qu’il regardait lui plaisait. Enfin ce n’était pas que ça importait énormément mais bon… curiosité quoi. C’était son plus gros défaut, et qui allait sûrement lui faire faire des folies un de ces jours... M'enfin.

Il se présenta à elle en lui tendant la main. Il était vrai qu’ils n’avaient jamais vraiment eu le temps de faire connaissance, bien qu’elle se rappelait de son nom. Enfin son prénom du moins. Elle ne venait pas souvent dans la salle des professeurs après tout, à part quand elle avait des papiers à leurs donner. Comme il lui tendait la main, elle tenta de placer ses fichiers pour bien les tenir d’une seule main, et de sa main libre, serra celle du Paladin.

– Oui, je m’en rappelais. Rakuen, mais vous devez le savoir aussi. J'espère que votre travail vous plait toujours autant

Évidemment, elle tenait trop de feuilles, et la plupart tombèrent au sol. Relâchant un petit juron, duquel elle s’empressa de s’excuser de l’avoir laissé s’échapper de sa bouche, elle se pencha pour ramasser son fouillis. En plus qu’elle devrait replacer tout le bordel qu’elle avait mis sur la table. Oh la la… Elle soupira.

Se penchant pour ramasser ses papiers, son interlocuteur en fit autant et l’aida dans sa tâche, ce qui était plutôt gentil de sa part. Mais il se retrouva un peu trop près de la jeune femme, celle-ci rougissant un peu tout en reculant. Il était vrai que ce professeur était très charmant, mais il y avait déjà un drow qui occupait ses pensées depuis un léger moment.

Le voyant néanmoins devenir rouge comme une pivoine, Rakuen le regarda longuement, se demandant si c’était seulement leur proximité qui l’avait rendu d’une couleur aussi éclatante.

– Vous êtes très rouge… faites-vous de la fièvre…?

Pourtant, en penchant la tête pour ramasser le reste des papiers, elle comprit qu’elle était le problème en voyant l’évidence de son décolleté très plongeant. La directrice se redressa immédiatement, se jurant intérieurement de porter une veste tant qu’elle ne s’achèterait pas une pile de nouveaux vêtements moins dévoilant. Elle rougit à son tour comme une pivoine par contre, montrer ses atouts n’étant pas dans sa nature.

– J-j’ai rien dit…

Reprenant les feuilles lorsque Daisuke les lui tendit, elle le remercia et entreprit de retourner près de la table pour commencer à replacer les livres à leurs places. Prenant livre par livre, elle prit même le temps de les classer en ordre alphabétique. Maniaque ? Peut-être bien. En ce qui concernait les cartables, ils n’avaient pas été classés depuis un moment, et se dit que ce serait le bon moment pour le faire, avant que les feuilles de cette année ne s’amassent trop.

Alors qu’elle s’apprêtait à continuer son classement en attaquant les cartables, elle vit le jeune blond revenir vers elle avec deux cafés en main, lui en tendant un. Elle rougit d’abord un peu, se demandant si elle se faisait draguer ou s’il désirait simplement être aimable, mais décida de finalement penser plus à la seconde option. Depuis le temps qu’il travaillait ici, il l’aurait sûrement dragué avant cela si vraiment elle lui aurait plus. Bien que son petit air hésitant et timide lui donnait un petit côté charmant, à sa façon.

La directrice fit d’abord plus de place sur la table, pour qu’ils puissent s’assoir tranquillement. Déjà la table était plus visible maintenant qu’elle avait replacé les livres. Lui souriant, elle prit doucement le café et s’assit sur une chaise, invitant le jeune professeur à en faire de même. Elle n’aimait pas vraiment le café, mais elle en aurait sûrement besoin de toute façon, puisqu’elle avait beaucoup de travail à faire. Ajoutant simplement un peu de lait, elle en but une gorgée.

– C’est parfait, merci beaucoup… Alors heum…

Bien qu’elle avait très envie de faire connaissance, elle ne savait pas du tout par où commencer. En plus, elle était plutôt timide elle-même. Et puis, que pouvait-elle bien lui demander ? Elle avait déjà une bonne idée de sa vie professionnelle puisqu’elle était sa patronne en quelques sortes. Et sinon quoi ? Parler de relations intimes ? C’était plutôt déplacer. De Santé ? De la pluie et du beau temps ? M’enfin, peut-être que lui aurait un sujet en tête.

La calligraphie ? Voilà son sujet ? Rakuen avoua qu’elle fut légèrement déçue, s’attendant à quelque chose de plus… ou de moins… moins……. Elle ne savait pas trop, mais disons que c’était un sujet sortit de nulle part, et c’était le cas de le dire. La sorcière regarda le paladin un moment, semblant légèrement perdue dans ses pensées, puis la grimace qu’il fit en prenant sa première gorgée de café la fit rire. S’il n’aimait pas lui non plus le café, alors pourquoi en avait-il prit ? Il était amusant… tête en l’air, mais amusant.

– Et bien je n’ai pas vraiment de temps à me consacrer pour ce genre de passe-temps, m’occuper de l’école me prenant la plupart de mes temps libres. Puis pourquoi avoir pris du café si vous non plus vous n’en aimez pas le gout ?

Le bruit de la cloche attira son attention. Déjà l’heure du repas ? À peine quelques secondes plus tard, les discussions et les bruits de pas des élèves se firent entendre plutôt clairement, la plupart parlant de leurs derniers cours ; certains en bien, d’autres en mal. Rakuen tendait légèrement l’oreille à leurs commentaires, se disant que plus tard ils comprendraient l’utilité de ce que leurs professeurs leur enseignaient. M’enfin, elle se releva à son tour et tendit la main vers le Paladin.

– Puisque nous n’aimons pas le café ni l’un ni l’autre, et que c’est l’heure du repas, je vous propose d’aller manger. Nous pourrons continuer notre discussion en même temps. Ça vous dit ?

Ahah, il était vrai qu’oublier qu’on n’aimait pas une certaine chose, c’était plutôt tête en l’air, mais c’était en quelque sorte adorable, bien que s’il était comme ça tout le temps, ça pouvait sûrement parfois finir par énerver les gens qui le côtoyaient continuellement. Il sembla lui aussi amusé par les discussions des élèves, peut-être que comme dans le cas de Rakuen, était-il nostalgique ? Ou peut-être étais-ce simplement autre chose.

Au moins, il accepta son invitation, ce qui fit bien plaisir à la jeune femme; pour une fois elle n’allait pas manger seule dans son bureau. Oui, elle aurait put prendre la peine de sortir de son bureau et aller manger avec les professeurs à chaque fois, mais la plupart du temps elle continuait son travail entre deux bouchées. Les prochaines fois, peut-être qu’elle allait prendre davantage de temps pour socialiser davantage, ou elle allait finir par passer pour une sauvage.

Ressortant de la salle des professeurs, elle ne garda néanmoins pas la main de Daisuke dans la sienne, étant plutôt timide de ce genre de contacts en public. Se dirigeant jusqu’à la cafétéria, elle savait malgré la proposition du jeune professeur que les repas étaient gratuits, surtout pour elle puisque l’argent sortait directement de ses poches. En plus, ça aurait été bien étrange d’avoir un pensionnat et d’obliger les élèves à payer leurs repas. Mais elle ne fit aucun commentaire, craignant qu’il se sente encore embarrassé.

Entrant finalement dans la cafétéria, et ne voulant pas passer devant les élèves, Rakuen s’amusa à faire comme eux ; se prendre un cabaret et attendre dans la ligne, souriant en même temps à Daisuke, le laissant passer devant elle. La blague du professeur ne put avoir d’autres résultats que la faire rire. Il était vrai qu’elle passait son temps dans les papiers, tout le monde devait bien s’en rendre compte.

– Ahah ! Il est vrai que personne ne manie la paperasse aussi bien que moi ! Mais comme vous, je me débrouille bien avec pratiquement toutes les armes, même si je ne suis pas une experte comme vous. Mais j’ai appris les bases et ça me suffit, au moins je sais me défendre si jamais je deviens à cours d’énergie magique, mais évidemment je me débrouille mieux avec les sorts et les enchantements que les armes blanches ou les combats à mains nues… quant aux armes à feu, j’ignore totalement comment ils fonctionnent, enfin, à part le fait de tirer sur la gâchette hihi.. Et vous ?

Bien qu’elle se doutait qu’il maîtrisait la totalité des armes existantes, elle posa la question pour que la conversation ne s’éteigne pas déjà. Entre temps, elle arriva à son tour devant la serveuse de la cafétéria et choisis une pointe de pizza comme repas pour la journée. D’habitude elle mangeait plutôt santé, mais cette fois, elle pouvait faire exception. Elle n’aurait qu’à aller faire un peu de course à pieds plus tard, ou un petit entraînement dans les gymnases.

Rakuen eut un léger rire. Ce qu’elle avait appris n’était que grâce à son grand-père. Sinon, elle ne serait probablement pas plus puissante que la plupart des élèves ici. Il lui avait donné de nombreux entraînements rigoureux. Elle se souvient d’une fois où elle avait dût passer trois jours complets à l’extérieur en temps d’orage. La pauvre avait eu tout une grippe après cela, mais ça lui avait permis de canaliser son énergie à travers l’eau, et d’ainsi s’en faire un allié.

– Ce que je sais je le dois à mon grand-père, c’est lui qui m’a tout appris

Suivant Daisuke jusqu’à la table des professeurs, elle prit siège et s’installa confortablement. La plupart des professeurs furent surpris de la voir ici, puisque la plupart du temps elle ne sortait pas de son bureau, faute de travail. Évidemment, ils en profitèrent tous pour lui donner des suggestions quant à de nouveaux systèmes d’enseignements, leur racontèrent leurs problèmes en classes et leur posèrent leurs questions à ce qu’ils ignoraient. Ne prenant même pas le temps de commencer à manger, elle leur répondit à tous avec un calme et une patience hors norme.

Enfin quand elle eut finit, elle commença à manger sa pointe de pizza végétarienne désormais froide. Bon, ce n’était pas le luxe, mais elle avait eu l’habitude de manger froid depuis le temps ; sinon elle finissait par réchauffer son plat au moins quatre fois au micro-onde et ça finissait immangeable à la fin.