Un Bordel de Papiers (PV Daisuke)

Rakuen sourit, écoutant Daisuke parler sans l’interrompre. Visiblement, il n’y avait pas une seule once de méchanceté en cette personne, bien qu’elle ne l’ai jamais croisé sous sa forme bestiale de lycanthrope. D’ailleurs, question comme ça… si un humain s’accouple avec un loup-garou et qu’ils ont un enfant, ce dernier sera-t-il loup-garou également ? Mais quelle question stupide à se poser en ce moment ! Rakuen rougit un peu face à cette réflexion, bien qu’elle se demanda ensuite si un enfant demi-drow pouvait exister… sûrement… les demi-elfes existaient bien après tout… bon ! On s’égarait du sujet en ce moment…

Ressortant de ses pensées, la jeune femme vit qu’en gesticulant, le professeur avait faillit blesser un élève qui passait tout bonnement par là. Évidemment, elle l’attira doucement à elle après que le paladin se soit excusé et elle examina son visage, pour être certaine qu’il n’avait aucune égratignure. Le pauvre, il avait forcément eu peur… m’enfin. Elle le laissa repartir, ravie qu’il n’ait rien eu, puis elle regarda Daisuke de nouveau. La directrice aurait eu envie de jeter une petite blague, mais peut-être ne ferait-il que s’en sentir encore plus mal qu’il devait se sentir maintenant. Pour le rassuré, elle lui sourit.

– Quelle chance que vous ayez assez de réflexes pour éviter de telles catastrophes

Le jeune paladin parla un peu de son passé et de son manque de chance, ou plutôt, du fait qu’il ne regardait pas vraiment ce qui se trouvait autour de lui. Parfois, ça pouvait être une bonne chose, lorsqu’on n’avait pas envie de se soucier du regard que les autres portait sur nous, mais d’autres fois, cela pouvait bien être mauvais, surtout lorsque des voleurs rôdaient dans les parages… on pouvait bien se retrouver sans bourse et donc sans argent. Ça n’était jamais très pratique. M’enfin.

Rakuen était curieuse de connaître quelques histoires du passé de Daisuke, celui-ci semblant bien riche en émotions. La directrice était comme une petite fille sur ce point ; elle aimait bien qu’on lui raconte des histoires, surtout lorsque celles-ci était le passé d’une personne et qu’il racontait comment il s’était tiré des pires épreuves à vie. Ses yeux étaient toujours pétillants dans ce genre de situation, si bien qu’une fois elle s’était fait rire d’elle par quelques amis, puisqu’ils lui avaient raconté une histoire abracadabrante qui avait en fait été fausse, et qu’elle y avait cru. En effet, elle pouvait croire un peu n’importe quoi, puisque n’importe quoi pouvait arriver dans ce monde.

Ayant donc terminé sa pointe de pizza, la jeune femme pris une gorgée de boisson gazeuse et reposa son verre sur la table, avant de se faire demandé quelques informations sur elle. Que pouvait-elle bien lui dire sur elle ? Et surtout, dans quel domaine ? Ses combats passés ? Ses centres d’intérêts ? Ses passe-temps ? Elle plongea donc son regard bleu ciel dans les yeux du jeune homme et sourit un peu.

– Et bien, que voulez-vous savoir sur moi exactement ?

Ce qui l’intéressait donc était son histoire, à savoir comment elle était devenue directrice. En fait, il était vrai que cela pouvait paraître étrange à première vue, puisque logiquement, ses parents auraient dut prendre la suite à la place de son grand-père, et non elle. Enfin… son père plutôt.

– Et bien, ma mère est morte suite à des complications après ma naissance, je ne l’ai donc pas connu, et mon père et bien il est guerrier, il ne s’intéressait donc pas tellement à la magie, et n’avait donc pas les qualifications pour s’occuper de cette école. Il m’a un peu enseigné l’art du combat, mais comme il était souvent partit en quêtes, je passais la plupart de mon temps ici avec mon grand-père. Ce fut donc plus facile pour moi d’apprendre la magie que la guerre et les armes, bien que je sache aujourd’hui me débrouiller

Rakuen avait donc passé le plus clair de son temps chez ses grands-parents. Lorsqu’elle n’était pas en train de flâner ici avec son grand-père, elle restait à la maison avec sa grand-mère, qui lui lisait des histoires et lui apprenait le ménage, la lessive et la cuisine. La plupart des femmes finissaient dans des maisons à simplement s’occuper de leurs maris et des enfants, alors évidemment, Rakuen appris tout de même à être une parfaite épouse et femme au foyer, mais ça n’avait jamais été son but. Elle avait eu bien plus d’ambitions que ça, et évidemment, avait toujours travaillé très dur pour pouvoir prendre la suite de son grand-père à la tête de cette école.

Aujourd’hui le vieil homme était trop vieux, et commençait à être légèrement sénile, ce qui faisait tout de même de la peine à la jeune femme, puisque c’était signe qu’il n’allait pas encore vivre pour trente ans, mais tout le monde devait malheureusement passé par là, et elle allait tout faire pour que les valeurs qu’il lui a enseigner allaient perpétuer à travers les élèves de cette école. Sans son grand-père, elle allait sûrement se sentir bien seule, puisque sa grand-mère était déjà décédée depuis deux ans, et qu’il était, on peut dire, son seul ami. Son père également lui manquait souvent, mais au fil du temps, elle s’était habituée à son absence.

Rakuen plongea de nouveau son regard dans celui du Lycan, comprenant dès le premier instant de sa phrase qu’il n’avait pas connu ses parents. C’était plutôt triste en effet, et probablement que de ne jamais les avoir connu devait être pire que de les avoir connus, mais ne pas les voir souvent. Enfin, cela pouvait être un sujet de débat, puisque certains diront que quelque chose qu’on a pas connu ne peut pas nous manquer, mais bon. Il y avait toujours cette curiosité du fait qu’on sait parfaitement qu’on descend de quelqu’un et qui nous pousse à connaître ce quelqu’un lorsqu’on ne les connait pas. Parfois on pouvait également se retrouver sincèrement déçus.

– Je suis navrée que vous n’ayez pas connus vos parents, cela doit sûrement vous êtres difficile parfois… mais il est vrai que j’ai été chanceuse d’avoir eut une aussi bonne éducation, bien que mes entraînements passés en auraient sûrement épuisés plus d’un à de nombreuses reprises. Ils ont sut porter leurs fruits, puisque peu de femmes de mon âge peuvent se vanter de connaître autant de choses, sans vouloir paraître tête enflée…

La jeune directrice se frotta un peu l’arrière de la tête, espérant ne pas avoir parut superficielle ou snob par les mots qu’elle avait prononcés. Elle ne se vantait jamais, mais relatait des faits. Ses grands-parents avaient surtout misé sur son éducation et sur l’apprentissage. Elle n’avait jamais eu d’amis, ou presque, et n’avait jamais vraiment eu l’occasion de sortir et de s’amuser comme les autres enfants. Elle restait chez elle à s’entraîner et travailler. Certes, à cette époque, elle n’en avait pas été très reconnaissante, mais aujourd’hui, elle l’était.

- Et vous, parlez-moi de votre propre passé... si vous n'y voyez pas d'inconvénients évidemment...

La jeune directrice se rendit compte que Daisuke n’était pas du tout dans un bon état, celui-ci semblait très triste, pensif et absent d’esprit. Le pauvre, parler de familles l’avait mis dans tous ses états ; sans doute de mauvais souvenirs lui revenaient sûrement en tête. Rakuen aurait eu envie de le prendre dans ses bras et lui faire un gros câlin pour le consoler, mais ça aurait été mal vu, surtout qu’ils étaient en public dans la cafétéria de l’école, que son amant aurait pu les voir et aurait fait une seconde crise de jalousie, mais aussi que Daisuke aurait probablement mal réagit ou se serait fait de drôles d’idées. Elle se retint donc, se contentant de poser sa main sur son bras pour lui signifier qu’elle partageait sa douleur.

Mais bon, Rakuen, elle, ne le voyait pas vraiment comme il l’avait décrit. Certes, certains pouvaient voir les souvenirs du passés comme quelque chose de douloureux, mais la jeune femme préférait les voir comme des souvenirs heureux, des petits souvenirs qui lui redonnaient du courage, ou de la joie lorsqu’elle était triste. Il était certain que sa grand-mère lui manquait, mais elle reposait désormais en paix et cela rassurait la jeune femme. Son père aussi lui manquait, mais ça, elle ne pouvait rien y faire. Une fois à sa retraite elle pourra s’occuper de lui et ils rattraperont le temps perdus, c’était ça qu’elle se disait.

Ne voulant pas continuer sur le sujet de la famille et des souvenirs, la directrice se contenta d’appuyer un peu sa tête sur la paume de sa main, soutenue par son coude appuyé sur la table, et regarda Daisuke parler d’une de ses aventures passées. Elle eut un léger rire suite à son récit ; cela avait vraiment dut être amusant une fois qu’il avait été hors de danger.

La cloche annonçant le début des cours attira l’attention de Rakuen. En effet, elle venait de passer beaucoup de temps en compagnie du lycan ; pas que cela était désagréable, au contraire, mais si elle ne se remettait pas au travail maintenant, elle allait devoir faire des heures supplémentaires ce soir et passer la nuit debout. Se relevant, elle s’excusa auprès du jeune homme.

– Pardonnez-moi, mais si je ne me remet pas au travail maintenant, je vais devoir travailler dessus toute la nuit. Néanmoins, cette conversation fut des plus intéressantes, et j’espère bien en avoir de nouvelles avec vous bientôt. Si vous me cherchez, je serai à mon bureau

Elle lui afficha un magnifique sourire, ramassa son plateau pour ne pas le laissé trainé sur la table et alla jeter ses déchets. Ensuite, elle ressortit de la cafétéria rapidement, faisant néanmoins attention à ne pas bousculer qui que ce soit, puis retourna à son bureau, soupirant d’exaspération devant les piles de papiers qui traînaient sur son bureau, puis se remit au travail.